Aujourd'hui, c'est journee transport ; en effet, a partir de Muktinath et jusqu'a la fin du trek, il n'y a que de la piste. Ca signifie donc que si on souhaite marcher, c'est au milieu des Jeep, bus locaux et de la poussiere qu'ils soulevent a chaque passage. Tres peu pour nous... On opte pour faire ce morceau a l'abri !
Nous aurons pas moins de deux changements et 8h de trajet au total. Ca promet...
Nous commencons par 1h30 de Jeep pour rallier Jomsom ; nous grimpons dans l'engin, confiants, se disant qu'apres tout, un 4x4, c'est fait pour la piste. C'est bien le cas, sauf que nous sommes a 16 la-dedans et que le conducteur n'est pas du genre prudent ! Il fonce dans les cailloux, les trous, les bosses, nous ballotant sans vergogne.
Mon amie la barre de toit
Aurel n'est pas trop sensible a ce remue-menage ; moi, je passe cette heure et demi ultra-concentree pour ne pas rendre mon petit-dejeuner !
Au bout d'une heure malgre tous mes efforts, je fais stopper le vehicule pour pouvoir respirer profondement ; je suis a deux doigts du vomissement. Je tremble et salive comme une malade ! Ca passe au bout de 2-3 minutes, mais la fin du trajet me semble ne jamais arriver. Quand nous posons enfin pied a terre, mon estomac est encore tout bouleverse et mes jambes flageolantes... bref, c'est pas la grande forme !
"C'etait GENIAL"
Bon, c'est sur, vu comment les automobilistes passent pres des marcheurs, je suis quand meme contente de ne pas l'avoir fait a pied ce morceau...
Dans Jomsom, nous nous renseignons sur la suite du parcours : il nous reste encore un bus pour Ghasa et un autre pour Tatopani, notre "destination finale" (je vais mourir :'|), avec respectivement 3h et 2h de route. Le depart en bus est dans une heure, juste ce qu'il me faut pour me remettre de mes emotions !
Panneau d'accueil a Jomsom
Nous trouvons une boulangerie dans le village et y achetons de quoi grignotter avant de reprendre la route. On avale pas grand-chose car nous sommes encore barbouilles et preferons rester legers, en prevision...
Notre bus arrive ; on s'installe comme on peut sur les deux dernieres place au fond qu'il reste...
Il est beau ton bus
Je suis un peu moins inquiete pour mon estomac, me disant qu'un bus, ca bouge moins. Des les premieres minutes, le calvere recommence ! Je dois faire preuve d'une concentration extreme pour ne pas etre malade ; le chauffeur ne menage pas sa monture, ni ses passagers d'ailleurs. Il est si brusque que dans certaines ornieres, nos fesses ne touchent meme plus nos sieges et les tetes se cognent "allegrement" au plafond ! Les places sont etroites et les genoux s'ecrasent dans les planches de bois devant qui font office de dossiers... C'est l'enfer !
Un nez a nez !!!!!! et PAAAFFFFFFFFFFFFFFFFFFF
J'ai la sensation qu'on fait a mes tripes ce qu'on fait aux crepes dans une poele a la Chandeleur ! En plus, une vieille dame vient s'assoir sur le peu de place qu'il reste entre Aurel et moi, m'aplatissant un poumon de sa forte carrure... Pour elle aussi c'est dur ; d'ailleurs, elle se tient fermement a nos deux cuisses de ses mains (Aurel : "Elle passe drolement pres de mon manche !" - Very Bad Trip 1 :))
Nous faisons une pause a mi-chemin ; je descends immediatement pour prendre l'air. Mes jambes sont encore tremblottantes et j'apprehende de remonter a bord... Meme Aurel n'est pas bien. La fin de ce deuxieme trajet arrive enfin ; evidemment, on pense a poursuivre le calvere demain pendant quelques secondes... Et puis, finalement, tant qu'a en baver, autant tout faire d'un coup et qu'on en parle plus !
C'est donc reparti pour la derniere "correspondance".
Meme type de bus, mais cette fois, nous sommes a l'avant. Par chance, j'ai une fenetre ; ca me rassure de ne pas avoir a faire bouger 50 personnes entassees les unes sur les autres, au milieu de tout leur bardas, si jamais me venait le besoin de me vider les tripes (oui, c'est horrible, pardon) ! Aurel, lui, va mieux ; il prend une tripotee de photos des ravins pres desquels nous passons, des evenements completement fous se presentant sur la route...
Le chauffeur a une petite lumiere rouge allumee au compteur et visiblement ca ne l'inquiete pas
Un des sac arrime sur le toit, s'est fait la malle
Moi, je suis toujours en mode "pense a autre chose... oh, t'as vu le beau torrent... oh, un troupeau de chevre sur le chemin...", mais evidemment, difficile de ne pas avoir la nausee quand on voit une pelleteuse renversee 50m plus bas, ou bien quand seule une langue de 20 centimetres de terre separe notre bus de la chute !
Honnetement, c'est une veritable epreuve. Je m'imagine volontiers troquer 15h de marche contre cette atroce journee sur les pistes nepalaises...
Nous arrivons entiers et en vie a 18h a Tatopani. A bout de force, on se traine jusqu'a un lodge, jetons les affaires, "rampons" a la douche, puis nous installons pour diner.
Mate la phaute dortografe
Pour moi, ce sera salade ; il n'y a que ca qui passe. Aurel, lui, recouvre rapidement l'appetit devant son Dal Bhat (plat nepalais avec riz blanc et assortiment de petits legumes, lentilles en sauce, yaourt... et quelques surprises qui arrachent la tronche !).
A 20h30, nous sommes au lit, plus harasses par cette torture du jour que jamais depuis le debut du trek !