Nous dormons mal une bonne partie de la nuit ayant en tete tout ce qui s'est passe la veille... On se pose de serieuses questions quant a la suite de notre voyage. Au petit matin, on decide de payer pour une deuxieme nuit d'hotel au meme endroit. Aurel n'a pas trop confiance en la soudure effectuee hier, or la remorque doit absolument etre solidifiee avant de reprendre la route. La journee nous servira donc a trouver un garagiste et, par ailleurs, a nous renseigner via Internet sur les possibilites de repli qui s'offrent a nous.

Nous descendons au bar de l'hotel pour y prendre un cafe. Nous rencontrons un couple de francais, seuls autres touristes ici. Ils nous avaient deja croise en Croatie et nous ont reconnu grace aux scooters gares dans la cour de l'hotel. En discutant un peu, on apprend que la Macedoine est bien plus pauvre et risquee que l'Albanie. Pour nous ca signifie encore pus de problemes avec certaines parties de la population. Il nous faut trouver une solution pour contourner la Macedoine.

Aurel demande au mec de l'hotel s'il connait un garagiste qui pourrait faire une reparation plus fiable sur la remorque. Ni une ni deux, l'homme lui demande de le suivre et me somme de rester a l'hotel. Ca tombe tres bien, je ne comptais pas vraiment visiter le coin... Voila Aurel qui part pour sauver la remorque. En chemin, il passe carrement par des bidons-ville ; les enfants sont tres sales et ont pour unique vetement des pantalons troues ceintures par des bouts de ficelle. Ils deambulent dans les ruelles trimballant des bouteilles remplies d'une eau si trouble qu'on ne voit pas au travers. Les personnes agees sont si maigres et recroquevillees qu'on les croirait lyophilisees. Aurel ne sait plus bien ou il est ni ou on l'emmene !

Ils atteignent toutefois un garage ; l'endroit ressemble a un atelier mais impossible de voir clairement a l'interieur : tout est noir et il n'y a pas de fenetre. Les hommes travaillent a meme un sol en terre. C'est le moyen-age...

La personne qui s'occupe de notre remorque fabrique deux renforts (des profiles en fer) pour solidifier le tout. Cela nous coutera 1200 Leke (soit 8€) ; c'est derisoire...

Quant Aurel revient, nous filons nous cloitrer dans un point Internet pour paufiner notre projet d'evasion (Aurel va se faire tatouer le plan de l'Albanie sur le dos:)). Nous y passerons le plus clair de la journee (osant tout de meme une excursion pour le dejeuner).

Nos recherches nous menent rapidement a l'impasse : contourner la Macedoine, est impossible : elle est entouree par la Serbie et le Kosovo... bof, on n'a plus envie de jouer.

Quant a passer par la Grece puis continuer vers la Turquie, pourquoi pas ; mais la perspective de devoir traverser l'Albanie ne nous fait pas sauter au plafond...

Et puis le fait que nous soyons motorises pose probleme. On ne peut sortir d'un pays sans les Ludix des lors que nous sommes entres avec. Nous sommes donc contraints de faire une boucle pour les ramener chez nous.

En fin d'apres-midi, nous retournons dans la chambre.

(Vue depuis notre fenetre) 

Sincerement, les regards ne sont pas amicaux, les sifflements pas flatteurs et les sourires tout sauf francs. Nous nous couchons tot pour decoller demain matin de TRES bonne heure.

(Joyeux anniversaire Isa !)

Aujourd'hui, c'est notre dernier jour au Montenegro ; et avec lui, dernier jour de plage, derniere fois qu'on voit la mer avant un bon bout de temps. On file en Albanie. Nous optons donc pour une matinee relax avec baignade et decouverte de la presqu'ile aux allures de Mont-Saint-Michel et resto pour se donner du courage a quitter la Mediterranee (oui, il y a toujours quelque chose a feter :)).

Encore une fois, nous sommes saisis par la clarte de l'eau ; elle est tellement transparente que les rayons du soleil eclairent les fonds. On a l'impression d'etre dans une piscine.

C'est d'ailleurs ici, que nous déposons ton ruban, Isa . il aura l'une des plus belles vues du Montenegro.

Peu avant l'heure du dejeuner, nous nous dirigeons vers la fameuse presqu'ile Sveti Stefan. Elle est rattachée à la terre par une allée piétonne bordée de chaque côté par des plages de sable et de galets.

Des agents de securite nous barrent la route... "Vous etes clients de l'hotel ? " Euh... non, pourquoi ? On apprend donc que tout le village est un hotel. C'était tout d’abord un fort construit suite aux attaques ottomanes sur la côte, très vite, le fort s’est développé jusqu’à contenir plus de 100 maisons, 3 églises et plus de 400 habitants au XIXe. Puis, les habitants ont déserté, jusqu’à n’être plus que 20 en 1954. C’est alors qu’un groupe d’architectes et d’artistes avec l’aide du gouvernement communiste parvinrent dès 1957 à en faire un hôtel-village très luxueux (merci Wiki:)).

Du coup, seul moyen d'entrer : reserver une table au resto. Ca tombe bien, c'est ce que nous etions venus chercher. Le mec nous toise des tongs a la tete et trouve bon de preciser que ca nous coutera au moins 25 Euros par personne. Comme on est riche, evidement, ca ne pose aucun probleme (m'enfin mooonsieur... :)) Nous voila escortes depuis l'entree de l'allee jusqu'a notre table avec l'impossibilite de decouvrir cet ancien village en pierre. "Les personnes de l'exterieur n'ont pas le droit de se promener ici, c'est la procedure", nous dit notre guide, presque gene lui-meme de cette absurdite.

Bref, nous dejeunons tres bien dans ce cadre impeccable, a la vegetation maitrisee et au personnel tres (trop) present.

 (Meme les toilettes sont belles...)

Ce n'est que vers 15h que nous reprenons notre chemin. En s'eloignant de la cote, dans les hauteurs, le Montenegro offre de splendides paysages. On evolue dans une sorte de canyon, entoure par la montagne. Il y a moins de taudis et la nature a encore de la place.

Nous passons la frontiere albanaise vers 17h30. Les douanniers nous auront fait patienter 20 bonnes minutes ; dans ces cas-la, les minutes se deguisent en heures...

D'emblee la conduite des locaux nous herisse les poils. Il sont en permanence la main sur le klaxon ; que ce soit pour prevenir qu'ils vont doubler, pour signaler qu'on gene, pour se (nous) dire bonjour... Ca klaxonne a tout va et on fait des bonds a chaque fois. Et puis ne parlons pas de leur facon de deboiter : ils n'est pas rare de voir trois voitures sur deux files... Quelqu'un arrive en face ? Oh, c'est pas grave, tout le monde se pousse pour laisser passer celui qui est presse. C'est comme ca, ca ne choque personne... a part nous, evidemment. D'ailleurs les steles funeraires jonchent les barrieres de securite (quand il y en a !). Pour pimenter le tout, les animaux sont en complete liberte : des vaches, des chiens ou des poules !

Roulant en sens inverse, nous croisons un couple de jeunes francais (Sybille et Gregoire). Ils sont en tandem, les courageux ! On fait demi-tour (treees prudemment :)) pour les rejoindre. Je crois que nous avons discuter environ 2h, qu'on s'est dit au revoir deux fois avant de se decider a finalement camper ensemble.

(Oui dans ce joli coin :) Nous sommes vers Shkoder) 

(Le chef de chantier a qui nous avons demande l'autorisation pour camper la, allume le groupe electrogene pour que nous puissions avoir de l'eau)

Nous avons passe une excellente soiree a partager nos experiences, nos provisions, nos autes projets... C'etait une rencontre inoubliable pour nous. On a bien rit quand ils ont sorti leur Backgammon de 12kg :) ! Et c'est loin d'etre le seul truc facultatif qu'ils poussent dans les cotes. Le tandem + la remorque = 100kg ! Ils etaient adorables.

En nous reveillant ce matin, il pleut. Mais il pleut vraiment cette fois ! Dans un sens, nous aurons moins de mal a quitter ce lieu idyllique... Nous trouvons notre linge laisse dehors la veille sur chaise, a l'abri de la pluie. Ce sont les proprio qui ont eu cette gentille attention ! Et elle vient s'ajouter aux abricots et a la pasteque de leur production offerts hier. C'est fous comme ils sont sympathiques ces croates ! Au debut, on pense les ennuyer et puis ils s'averent tres prevenants.
En partant sous la pluie, l'homme nous recommande a plusieurs reprises de faire tres attention ; la route etant en mauvaise etat, ca glisse. Il sagitent leur main pour nous dire au revoir jusqu'a ce qu'on disparaisse de leur champ de vision. C'est touchant !

Nous epongeons une pluie battante pratiquement jusqu'a Dubrovnik (soit environ 80 km).

Le ciel se degage et nous laisse apercevoir les fortifications de la ville.

Sur une aire de point de vue, nous rencontrons un couple de jeunes suisses en moto. Ils sont irresistiblement attires par notre "pure style" (ce sont leurs termes :)). On leur raconte notre voyage et eux, le leur. Ils vont jusqu'a Istanboul. Ca nous amuse car c'etait notre premiere idee de destination. Ils font une halte a Dubrovnik car ils doivent y retrouver des amis qui eux vont jusqu'en Iran en voiture ! Comme quoi on n'est pas les seuls mabouls :)

Quand nous approchons le coeur de ville, les bouchons s'amplifient et la foule aussi. Nous nous la jouons romanichels en sortant notre popotte et en preparant notre dejeuner tranquillement installes sur les marches de pierre foulees par les touristes. Malgre les marrees humaines qui deanmbulent dans les multiples ruelles, nous decidons de nous promener un peu nous aussi.

La ville est tres vallonnee et d'innombrables escaliers la sillonnent, bordes de tres hautes batisses. Ca ressemble a des canyons creuses dans la pierre. Il y a guere plus d'un metre entre les fenetres qui se font face et cet espace est bien souvent encore plus reduit par les plantes, jardinierse et fils de linge qui dansent au vent.

C'est beeeaauu... C'est meme la plus belle des grandes villes croates que nous ayons visite.

Nous repartons non-mecontant toutefois de quitter les wagons de touristes. En plus, d'ici quelques kilometres, nous atteindrons le Montenegro ! Destination un peu mysterieuse... On s'imagine que ce sera a peu pres comme la Croatie.
En chemin, une voiture passe a cote de nous en klaxsonnant. Un tete et un poing bradissant sorte de la fenetre passager : un jeune crie "Mongoliaaa !". J'ai pas reve la ?! Le mec qu'on a jamais vu, connait notre destiantion ?! On voit la voiture un peu plus loin sur une aire de repos et 2 jeunes gars nous faisant de grands signes pour qu'on s'arrete. Aurel hesite... moi je ralentis carrement, ca m'intrigue... On les rejoins. Ce sont les 2 mecs qui vont jusqu'en Iran en voiture ! Les 2 jeunes suisses a Dubrovnik leur ont parle de nous et leur ont montre la photo qu'ils ont prise. C'est comme ca qu'ils nous ont reconnu sur la route !
Ils partent a la roots, dorment dans leur vehicule et n'ont plus ni carte, ni GPS a partir de la Turquie. Pire que nous ! Nous passons au Kazakhstan a peu pres en meme temps qu'eux... qui sait, peut-etre nous verrons-nous une nouvelle fois la-bas... En tout cas, ils sont totalement fans de notre concept ! Nous on est fans de leur itineraire et de leur insouciance :)

Nous reprenons la route pour quitter la Croatie. Arrives a la frontiere, on met deja plus de temps qu'a l'accoutumee pour passer. Des files de voitures patientent. Nous voyons meme une voiture se faire vider le coffre et ouvrir les valises... On a beau ne rien avoir a se reprocher, on ne se sent pas tout-a-fait a l'aise devant ces messieurs les douaniers. Enfin... nous franchissons les portes du Montenegro sans souci ; ils verifient tout-de-meme carte grise et assurance des scooters.

Il est plus de 19h. Le temps s'assombrit une nouvelle fois et les gouttent nous accueillent ; l'entree dans le pays ne nous fait pas rever. C'est tres gris, vieux et delabre. C'est vrai que le mauvais temps joue en la defaveur du paysage... Nous cherchons rapidement une chambre pour ce soir car, il faut le dire, la pluie et l'heure avancee nous rendent un peu feignants... Le vamping sauvage, ce sera pour un autre jour. Nous trouvons une chambre pour 30 € dans une maison ou la femme est tres maternelle et tactile. Elle nous propose sa cuisine alors que nous n'avons pas voulu lui prendre un appartement qui aurait ete plus cher. Elle ne veut pas nous voir marcher en chaussette et nous donne a chacun une paire de sabots. Aurel a la classe ! :)

(Non, moi ca fait bien...)

Surprise, il est 9h40 ! Le petit-dej, c'est jusqu'a 10h ! Viiiiite ! Aurel se moque de moi car d'habitude je prends on temps pour me lever. Mais la, j'ai litteralement bondis hort du lit. Ben oui, le petit-dej, c'est sacre !

Nous avoncons aujourd'hui en direction de Dubovnik et avons un franc soleil.

On se farcit d'abord les 20 km retour du detour d'hier soir en guettant avidemment une pompe a essence car nous sommes en reserve depuis un moment. L'ombre de la panne plane a nouveau sur nos tetes ! Il doit nous rester de quoi faire 2 ou 3 km !

Notre chance c'est qu'il y a pas mal de descentes pendant lesquelles nous coupons le moteur pour economiser... Et notre seconde chance, c'est que le "benzine" (comme ils disent ici) se trouve sur notre chemin, a Ploce, ville ou nous devons prendre un ferry.

L'entree dans cette ville est particulierement deroutante : les immeubles depourvus de ravalement sont affreux et delabres, le port industriel est imposant et vetuste... Seul truc positif, c'est que nous nous sommes pointes, avons eu le temps de dejeuner, de prendre deux tickets et avons eu un bac tout-de-suite.

3/4 d'heure de traversee plus tard, notre coupe ressemble a un champ de bataille :) Nous arrivons en plein coeur d'une petite ville aux allures de Cote d'Azur dans laquelle on s'offre un cafe.

Puis nous roulons encore quelques dizaines de kilometers jusqu'a un bord de mer a l'abri du vent ou des appartements sont a louer juste en face. On tente notre chance... Le couple qui nous accueille n'est pas tres expansif. On a presque l'impression de deranger. Et puis petit-a-petit, apres nous avoir presente une chambre pas terrible, il nous propose le dernier appart de libre ; et la, on est aux anges : rez-de-jardin avec terrasse au pied de la mer, juste la rue a traverser ! Genial ! On prend illico. Au depart, on se dit que ce n'est que pour une nuit, mais rapidement, on se laisse happer par cette delicieuse sensation de douceur de vivre et payons deux nuits.

Il est un peu tard pour se baigner aujourd'hui ; mais qu'importe puisque demain c'est les vacances !

Un jeune homme prepare le kayak quand nous arrivons a l'heure prevue.

Il nous donne 2-3 conseils, les gilets de sauvetage (qu'Aurel met aussi ! Si si !!!) et nous demande de rester prudents. Il semble pas tres rassure ; ca ne doit pas se faire beaucoup de partir sans guide...

Nous embarquons et ramons a la rencontre des iles au large de la cote. Petites precision, notre location pour la journee nous coute 36 € et en plus, c'est un kayak de mer avec derive orientable et amovible (pour les connaisseurs). La prise en main est excellente ; le kayak est un peu dur a manoeuvrer (5,50 m de long) mais son profil acere et la derive que l'on actionne avec des pedales a l'interieur sont un veritable plus. Il suffit d'appuyer sur l'une d'elle pour corriger presque instantannement le cap. Plus besoin de forcer sur la pagaie. Aurel est fan !

Nous voguons entre les iles ; certaines sont habitees, d'autres absolument desertiques... C'est magnifique !

(On prend a gauche ou a droite)

L'eau est d'une transparence incroyable. On a quasiment pas besoin de masque pour voir les poissons, les oursins... Seule ombre au tableau : les detritus laisses ici et la sur les iles inhabitees ou dans la mer... Franchement, c'est deprimant. Certains petits coins paradisiaques sont de vraies decharges a ciel ouvert ! C'est inadmissible. Quand nous pouvons, nous en ramassons quelques uns...
Cela dit, la ballade reste sublime. Nous nous baignons quand l'appel de l'eau turquoise devient irrepressible. Toujours aussi fraiche, mais tres agreable.

Aurel s'improvise chasseur d'oursins. Il s'en cueille 5 pour l'apero. Moi, ca ne me plait pas du tout cette extermination. Lui, il se regale avec le corail... Il m'enerve !!!

Nous dejeunons sur un petit bout d'ile, mais le soleil est tellement cuisant que nous sautons vite dans notre kayak pour echapper aux brulures. Nous naviguons jusqu'a une autre ile (Sepurine) sur laquelle nous trouvons un petit port et un tres joli village de maisons de pierre. Le charme opere immediatement et on se gare carrement dans le port, entre deux bateaux.

Nous y faisons escale pour un cafe et une ballade dans ses ruelles pavees.

Les hommes sont au cafe, les femmes sur leur terrasse. Chacuns et chacunes papotent avec les amis, laissant paisiblement passer les heures trop ardentes de l'apres-midi. C'est vrai que sur l'eau, on ne sent pas la chaleur du soleil car il y a beaucoup d'air. Des que nous posons le pied a terre, on sent qu'on se passerait difficilement d'un coin ombrage.

Puis nous reprenons les rames et continuons notre escapade entre les petites terres a la vegetation eparse jusqu'a 19h.

Nous debarquons en meme temps que le mec arrive ; quelle synchro ! Nous sortons nos affaires et les quelques bouteilles vides trouvees en mer ; nous avons droit a de sinceres remerciements pour ce geste qui pour nous semblait etre la moindre des choses. Mais il nous fait comprendre que ce n'est pas si evident pour tout le monde. Comme dirait ma mere, les petits ruisseaux font les grandes rivieres.

Nous reprenons nos Ludix a la recherche d'un endroit ou dormir. Un camping arrangerait nos finances ; en s'eloignant un peu de la ville, nous trouvons (a Tribunj). L'homme qui nous accueille est gentil comme tout et se confond en excuses parce qu'on risque d'qvoir une douche a peine chaude... S'il savait qu'une douche pour nous c'est deja pas mal !