Ce matin, on ne se laisse pas le choix : c'est 6h ! Pas de doute, c'est dur... D'ailleurs, nous sommes un peu lents à la mise en route et ne roulons qu'à 8h00 !
Nous sommes d'emblée dans des paysages qui commencent à ressembler à de la montagne : ca monte ! L'inclinaison des côtes n'est pourtant pas très violente, mais on avance à peine à 7-8 km/h ! A ce rythme là, on n'est pas rendu :)
En chemin, nous faisons de nombreuses haltes dans les abricotiers et les pruniers que nous croisons. Qu'est-ce-que c'est bon... les abricots sont si murs qu'ont croirait de la compote, gorgés de soleil et de sucre. Un délice ! On en a d'autant plus besoin que nous sommes rapidement en hypoglycémie avec ces montées et ces petites pauses permettent de reposer jambes et fessiers !
J'ai mal au UC !
Vers 13h, on s'arrête enfin pour la pause. Impossible de trouver un coin d'ombre, si ce n'est à la terrasse d'un resto. Ma foi, nous sommes tellement cassés qu'on ne résiste pas ! On se régale de brochettes de viande et une bonne salade de fromage.
Un homme, curieux, s'approche pour discuter un peu ; nous voyant absorbés par la vue de nos premiers cactus, il nous apprend, entre autre, que le petit en forme de tabouret s'appelle : el asiento de la suegra (le siège de la belle-mère) :)
Décidément, elles ont une renommée mondiale ces belles-mères !
Nous partons finalement au bout de 2h de pause ; les nuages arrivant, nous ne serons pas trop génés par la chaleur. Et puis, le vent souffle en notre faveur, alors autant en profiter !
Le relief s'accentue visiblement ; on peine à grimper les côtes. Et puis, la pluie tombe ! Aaah, la montagne...
On enfile les vestes Gore-Tex mais ne nous arrêtons pas pour si peu :) Au bout d'une heure de montée, on finit par descendre des vélos pour les pousser en marchant. Mes genoux me font terriblement mal ; j'ai l'impression de ne plus avoir de cartilage entre la rotule et le tibia ! Alors, ca me soulage un peu de faire un autre mouvement que pédaler.
Le climat ne s'arrange pas ; c'est un véritable déluge qui s'abbat avec de gros orages qui éclatent. On décide de s'abriter pendant un moment sous un tunnel. Etrange... Toute une file de camions et voitures est arrêtée, moteurs coupés... Nous allons voir un peu plus haut ce qui cause un tel stationnement : des hommes en gilets fluo nous expliquent que la rivière est sortie de son lit du fait des fortes chutes d'eau, provocant des éboulis de pierres sur la route !
- "Mais nous, on peut passer non ?
- Ah ca, surement pas !", nous répondent-ils, amusés...
La circulation est totalement interrompue et strictement interdite.
Bon ben, y'a plus qu'à retourner sous notre tunnel...
Nous nous refroidissons rapidement sans bouger ; bien sur, nous avons enfilé nos doudounes, mais nos jambes et pieds sont trempés. Et dire qu'il y a tout juste trois heures, nous aurions donné cher pour un peu d'ombre...
L'un des routiers près duquel nous patientons nous offre gentillement un thermos rempli d'eau chaude :) Adorables ces chiliens !
Ca nous rechauffe drôlement bien. Et heureusement car nous devrons attendre comme ca plus d'une heure ! Quand finalement le traffic reprend, nous renfourchons les vélos pour avancer au moins jusqu'à un endroit où planter la tente.
Difficile à croire, mais le torrent passait au-dessus du pont !
On se fait héler par la Police qui nous déconseille vivement (on peut même dire qu'elle nous interdit formellement :)) de continuer ; le vent soufflant encore très fort et les trombes continuant de tomber.
L'agent nous indique un "camping" à quelques mètres... qui s'avère être, en réalité, le terrain d'une maison... dont le propriétaire arrive quelques minutes plus tard... Le policier lui explique que nous devons rester ici pour la nuit ; l´homme pas contrariant, nous montre les endroits où nous serons le plus à l'abri du vent et s'engouffre chez lui.
Pour notre part, on monte notre nid douillet. En déballant nos affaires, nous avons le plaisir de constater que nos sacoches sont parfaitement étanches ! Bonne nouvelle :)
Une fois dans la tente, nous ne bougeons plus de là jusqu'au petit matin. Nous sommes occis !