Aujourd'hui est notre dernier jour en Russie. Il fait super beau ; Aurel a hate de pedaler et passer la frontiere.

On se prepare et remballons tout notre equipement puis demandons a la nana de l'hotel de bien vouloir nous faire une facture (preuve pour les autorites de nos faits et gestes lors de notre sejour russe). Ok, on s'en va aujourd'hui, mais on prefere mettre toutes les chances de notre cote pour eviter les ennuis avec les douaniers russes.

Visiblement, la dame n'a pas compris... elle est partie nous enregistrer a l'administration ! Resultat, on poireaute...

Notre visa se terminant ce jour, nous ne sommes pas tres rassures car la frontiere ferme a 19h.

Et c'est 2h plus tard que la dame revient avec nos passeport et nos "registrassione". Ouf ! On peut y aller.

Dernier calin aux petits chats (on nous propose meme de mettre les quatre dans nos sacs a dos :)) et c'est parti... direction la Mongolie.

En chemin vers la frontiere, nous passons devant un marche. Une vieille femme (a qui il reste deux dents) y vend des sortes de barres couleurs caramel qu'elle conserve dans de l'eau. Intrigues, on lui en achete deux pour tester. On croque... ca casse comme du verre et devient un chewing-gum ! Mais 100% naturel car fait a base de seve d'arbre. Ca a donc le gout de plantes ; par contre c'est ultra collant. Aurel, pour rire, se le met sur les dents de devant. Ahahah... il a un mal fou a le retirer :) Il se trimballe toute la journee avec de la resine marron sur les dents (Jacouille la fripouille) !

Remarquez, ca fait local :) Pas etonnant que la dame n'avait presque plus de chicots...

Avant de passer la frontiere, nous profitons de la derniere station service afin de faire le plein d'essence pour notre rechaud. Cette fois, il y a pas mal de voiture... Aurel s'approche de l'une d'elles, bouteille a la main pour se faire comprendre plus facilement. Malheureusement, l'homme vient juste de finir son plein. Arrangeant, il sort un tuyau de son coffre et laisse Aurel siphonner son reservoir ! Il s'en sort sans trop de carburant dans le gosier et insiste pour donner les quelques roubles que represente un litre d'essence. L'homme et toute sa famille en Lada nous souhaite bon voyage.

Les vehicules sont inspectes de fond en comble et mettent la demi-journee a passer la frontiere.

Nous, en tant que "velos", nous sommes prioritaires et passons en 45 minutes montre en main ; aucun souci administratif, aucune fouille, rien ! En definitive, on ne se sera fait controler que deux fois en Russie. C'est bien loin de ce qu'on a pu lire au sujet de la police sovietique !

On dit au revoir a la Russie, moi avec un petit pincement au coeur, Aurel avec fougue devant la steppe.

On dejeune sur les marches d'une banque dans laquelle on chage ensuite nos roucles en Tugrik ; on serait vite millionnaire ici (1 euro = 1780 Tg :)) Puis nous entamons notre decouverte de ce pays qui nous faisait tant rever. Le panorama a radicalement change : pratiquement plus d'arbres et fini les "montagnes russes".

Par contre c'est toujours aussi vert et l'air tres sec nous asseche d'emblee les levres. Il faut dire que nous nous dirigeons plein ouest et que nous avons un fort vent de face. Dur dur de pedaler !

On avance a 12 km/h sur 40 km puis, a 18h30 plantons le camp.

Malheureusement, les moustiques ont egalement obtenu leur visa ! Aurel fait rapidement un feu afin que nous puissions profiter de notre premier coucher de soleil mongole !

(Les "registrassione" russes font un excellent allume-feu :))

Notre periple velo en Russie

 L'etoile rouge situe le lac Baikal en Russie

Trajet Irkutsk - Ulan Oude (500 km)

 Trajet Ulan Oude - Kyarta (220 km)

Nous avons super bien dormi. Temperature dans la tente au reveil (7h30) : 8 degres ! Et oui, on dort mieux quand il caille :)

Nous remballons les affaires et au moment de partir, Aurel s'apercoit qu'il y a une crevaison lente a son pneu arriere. Il faut tout redeballer ! Et remettre les doudounes parce qu'il fait encore tres frais... Le temps de reparer tout ca et nous sommes sur les velos a 11h. 

Aujourd'hui, ca va etre cool car il nous reste seulement 24 km a parcourir pour atteindre Kyarta.

( "C'est bon Niou, c'est par la" ) 

Nous attaquons avec de la descente ; pas de quoi se plaindre. Sauf que ca ne nous rechauffe pas ! Mais les cotes ne sont pas loin... En haut de l'une d'elles, un poste de police est installe. Un gars en uniforme militaire nous fait signe de nous mettre sur le bas cote et demande nos passeports. Aurel sort le sien, accessible facilement. Moi, il est emballe dans tout le barda... J'ai vraiment pas envie de tout sortir. Mais un seul passeport suffit : "Franssouz ?". "Da". Aah... d'ou venez-vous, ou allez-vous... et hop, il nous salue ne souriant. Quelle chance on a d'etre francais !

La bonne surprise c'est que nous arrivons bien plus tot que prevu. Premiere demarche : trouver la poste car c'est la qu'il y a Internet generalement. Aurel va questionner une petite vieille qui vend ses recoltes au bor de la route ; c'est juste a cote. Par contre, Internet n'est apparamment pas disponible pour le moment.

Un homme dans une voiture s'arrete et vient nous poser des questions. Forcement, des tourites dans le coin, ca attire l'attention ; mais a velo en plus... ! Du coup, on en profite pour lui demander s'il sait ou trouver Internet et un hotel. Trop sympa, il nous fait signe de le suivre et nous amene dans un cyber-cafe. Il va meme s'arranger avec le dirigeant pour qu'on puisse rentrer les velos au sous-sol. Et puis moi, je n'ai rien porte ! C'est lui qui a descendu mon velo. Vraiment gentleman !

Aurel : "Et le mien ?!" :)

Nous passons toute l'apres-midi sur le blog. C'est pas du luxe... 15 jours de retard :) C'est la fermeture qui nous fait lever ! Et nous sommes de nouveau escortes par Bato (le gentleman). Il est avec un ami et tous deux meurent d'envie d'essayer nos velos. On les laisse faire un petit tour, pas tres rasssures car le deuxieme bonhomme sent bien l'alcool... Ca les amuse beaucoup :)

Ils nous accompagnent jusqu'a l'hotel pour deposer nos bagages puis nous invitent dans leur voiture pour aller voir la frontiere russo-mongole. Elle n'est qu'a 4-5 km de la. C'est bien pour nous car ca nous permet de visualiser le chemin. Puis ils nous ramenent en nous souhaitant une bonne soiree.

(Photo de l'hotel) 

Nous, on se prepare illico une soupe pour le diner car nous n'avons pas mange grand-chose depuis notre arrivee.

La patronne de l'hotel nous offre un bouquet de carottes et de radis tout juste sorti de terre :)

En voila une bonne nuit ! En plus, ce matin, on s'accorde une petite treve ; nous avons depasse notre moyenne hier et avant-hier alors nous allons pouvoir profiter de notre avance maintenant !

On se refait une baignade ans le lac. L'eau est a 20 degres ! Pas etonnant qu'on puisse y rester facilement.

Nous donnons nos premiers coups de pedales qu'a 11h30, tous frais et reposes. Enfin presque... Mes jambes jouent encore aux "abonnees absentes". Une fois lancees, ca va ; mais le demerrage est vraiment dur. J'ai la sensation qu'on m'aspire ce qu'il y a dedans... Ca ferait presque mal. Aurel, lui, a plus recupere ; du coup, il m'aide dans les cotes (qui sont de retour...) grace a un systeme de laisse improvise : deux tendeurs et une cordelette.

Au moment de dejeuner, nous passons dans un petit village esperant y trouver au mieux un petit resto, "au pire" une epicerie. Et c'est une epicerie, qui ne vend pas grand-chose d'ailleurs. On y achete des pains fourres a on ne sait quoi (ils s'avereront etre a la confiture) et des sables avec des cacahuetes dessus. Pas de cafe !

On repart pour encore 25 km de montees-descentes.

C'est dur, mais moins eprouvant car il y a de moins en moins de circulation. On peut meme pedaler cote a cote ! Nous avons atteint notre moyenne et sommes suffisament fourbus pour aujourd'hui. Il est 16h30, nous sommes tout pres d'un cour d'eau, c'est le moment ideal pour stopper la journee. Surtout que nous n'avons pratiquement plus d'eau pour continuer et qu'ensuite le trace quitte le fleuve pour les collines.

Au moment de remplir les bouteilles, Aurel voit passer une belle bouse de vache dans le courant du fleuve ! Et bien... ca donne envie :( Heureusement qu'on a le filtre a eau (qui elimine 99,5% des bacteries d'origine biologique) pour sauver la mise. Il doit tres bien fonctionner car nous n'avons jamais ete malades (touchons du bois). Le tout etant de ne pas focaliser sur la bouse ! Voyez qu'on est des aventuriers :)

Apres la toilette dans ce meme fleuve (oui, au savon bio), nous plantons la tente.

Comme chaque soir, les moustiques fideles au poste nous pourrissent la vie et les moucherons se suicident dans nos narines, yeux, bouche... Mais cette fois, on ne se laisse pas cloitrer dans la tente ! Aurel fait un feu, et hop ! On a la paix :)

Les petites betes ne magent peut-etre pas les grosses, mais elles nous rendent fous quand meme !

Au dessert, un petit garcon (qui est deja passe plusieurs fois nous voir) nous offre une partie de sa cueillette. Ce sont des des boules noires, comme des toutes petites cerises, mais l'interieur est apre ! C'est vraiment special... Le geste nous touche et nous mettons un point d'honneur a tout finir.

Aaah... une bonne nuit dans un bon lit... En plus, nous avons le petit-dej inclu :) Au buffet, beaucoup de sale : poivrons, champignons et tomates cerises marines, pains fourres aux legumes ou a la viande, poisson fume, fromage fermente sale... Biensur, il y a ausi quelques yaourts, cereales, biscuits, mais nous l'avions lu dans le guide, les russes ne sont pas trop "sucre". On goute un peu a tout et c'est globalement bon.

Nous sommes pares pour entamer la deuxieme partie du trajet russe direction Kyarta, derniere ville avant de passer la frontiere. La bonne surprise c'est qu'elle n'est qu'a 220 km d' Ulan Oude. Donc nous pouvons nous contenter d'une petite moyenne par jour et nous passerons dans les temps en Mongolie.

A priori, ca semble tout-a-fait realisable. Evidemment, ce n'est qu'en theorie car il reste a savoir si nous aurons du bitume ou de la piste et comment seront les reliefs ! Ca reste une surprise...

Nous partons. Des les premiers kilometres, on se rend compte qu'on a plus rien dans les cannes ! En trois coups de pedales pour grimper une "collinette" et l'on a la sensation qu'on nous a retire la seve des jambes... videes. La route est pourtant presque plate, nous avancons en moyenne a 10km/h !

On se traine peniblement. Aurel dit que c'est normal : c'est la phase de recuperation de nos muscles et on les sollicite... pas contents :(

Et puis, pour ne rien arranger, on se refait doubler par les camions qui, non seulement nous refont le brushing, mais en plus ont le pot d'echappement directement oriente vers nos tronches ! Et hop, un coup de gaz pour doubler les deux velos la... Chaque fois, c'est une bassine de CO2 qui vient se fourrer dans nos poumons ! Grrr...

Ah ! Ils n'ont pas de probleme avec l'empreinte carbone ici !

Nous dejeuneons pres d'un arret de bus et repartons rapidement.

Ce qu'il y a de bien en velo c'est qu'on voit les changements s'operer doucement ; notamment les personnes : plus on avance et plus les traits se brident, leur teint se burinent et ils ressemblent de plus en plus a la population mongole. C'est vrai que nous ne sommes plus tres loin ; 200 km, c'est si peu pour un pays qui en fait plusieurs miliers...

Tient premiere crevaison... et c'est pas moi pour une fois !

Plus tard, on s'arrete prendre un cafe au bord de la route ; la dame nous offre une deuxieme tournee. On doit avoir les mines deconfites :) A la table d'a cote, une famille grignotte des raviolis chinois et des soupes ; les parents incitent leur garconnet a parler avec nous. Visiblement, il doit apprendre le francais a l'ecole car il connait quelques mots.

Apres ce bon break, nous reprenons les velos pour peu de kilometres car nous en sommes deja a 50. Contrat du jour rempli :) Nous empruntons un chemin de terre qui monte jusqu'a un totem chamaniste.

D'en haut la vue est sublime : degagee avec les montagnes au loin ; le soleil est encore haut (il est 18h), les reliefs sont tres verts et c'est d'un calme... Quelle sensation d'apaisement ! Seraient-ce les esprits bienfaisants qui prennent soin de nous... ?

Ce matin, rebelotte, il faut mettre la tenue de combat avant de pointer le bout de son nez dehors sinon, c'est le carton assure par les mosquitos.

Le ciel est couvert et il ne fait pas chaud. Toutes ces raisons nous font avaler un petit-dej rapidos pour quitter les lieux au plus vite.

Nos vetements laves au ruisseau la veille ne sont pas secs car il fait trop humide et point de soleil pour rechauffer tout ca. Du coup, on les enfile a contre-coeur ; ils sont tout froids ! Aller, vite ! Pedalons pour faire remonter la chaleur corporelle et oublier tous ces moments de galere.

C'est reparti pour de la longue ligne droite ;

c'est tellement plat qu'on arrive a la pause dejeuner en ayant deja parcouru 40 km ! Hehe ! Il pleuvigne de temps en temps mais nous profitons d'une treve pour allumer le rechaud pres de la voie ferree.

Apres une petite heure de break, on repart pour avaler les kilometres. C'est satisfaisant de si bien avancer !

Vers 16h30, on s'offre une nouvelle pause dans un cafe sur la route.

On ne sait jamais trop bien sur quoi on va tomber en ouvrant la porte de ce genre d'endroit. Et bien la, nous sommes tres agreablement surpris : les tables sont propres avec des petits bouquets champetres pour les decorer et la dame plutot sympatique. En plus, elle nous sert de tres bons cafes accompagnes d'excellents gateaux faits maisons. L'un est un sable, l'autre un pain fourre a la pomme de terre ; oui, je sais ca parait etrange, mais c'est exquis (pour qui a bien pedale :)). C'est notre meilleure pause-cafe depuis un bon moment !

Nous roulons les derniers kilometres dans les pots d'echappement et les bas-cotes pour laisser passer les camions. C'en est trop ; 94 km pour aujourd'hui, nous sommes rinces ! En plus, c'est le cas de le dire car il pleuviote encore. On s'enfonce dans un chemin de terre en foret et plantons la tente au premier endroit plat trouve.

Douche eclaire et bien trop fraiche puis au lit !