Dans une ger, on est a l'abri du vent, mais on l'entend bien quand meme ! Et a l'oreille, on etait mieux a l'interieur... En plus, il a plu. En s'extirpant de notre duvet, nous enfilons de suite la doudoune car la temperature a nettement chute depuis la veille.

La dame mongole vient frapper a la porte ; elle entre avec le sourire et commence par nous allumer un feu (avec pour combustible de la bouse de vache sechee), puis elle place un grand recipient en alu sur le poele, y verse environ 2L d'eau, une poignee de ce qui semble etre du the, du sel et une casserole de lait. Elle couvre et porte le tout a ebutlition. On la regarde faire comme si nous assistions a un cour de cuisine :) Une fois que le the au lait est chaud, elle l'oxygene en le remuant de haut en bas et le verse dans un thermos.

Elle nous sert deux grands mugs et nous offre egalement une assiette de creme de lait. En fait, c'est le lait qu'elle laisse bouillir et ca forme une sorte de croute ; ils mangent cela avec des petits pains maison.

Finalement, elle vient de nous preparer un sacre petit-dej tres complet ! Nous apprecions d'autant ce festin que dehors, le vent et le froid continuent de sevir.

Nous rangeons nos affaires et remercions infiniment notre hote pour toute sa generosite. Nous commencons a pedaler sous une temperature proche des 5 degres, frigorifies ; tellement que nous sommes meme contraints d'enfiler nos moufles en plus des doudounes ! Nous avancons peniblement car le vent souffle puissament...

Nous apercevons enfin Ulan Bator au bout d'une heure deja eprouvante et puis l'enfer commence vraiment : des dizaines et des dizaines de camions nous frolent, nous obligeant parfois a nous ecarter sur le bas-cote. Le bitume, quand il y en a, est litteralement defonce. Il aura fallu arriver sur la capitale pour trouver une route dans un etat des plus deplorables qu'on ait eu jusqu'alors.

Une fois en ville, la circulation est asphyxiante et nous pedalons encore une bonne heure avant de trouver notre guest-house. Enfin le repos des guerriers :)

Dans notre chambree, nous faisons connaissance avec Sebastien, originaire de Bourg-en-Bresse (t) :) Il vient de dire au revoir a ses compagnons de route qui reprennent le boulot. Super sympa, il nous offre ses tickets pour le Musee National d'Histoire de la Mongolie que nous visitons l'apres-midi meme.

Le soir, apres une bonne douche, on est tout juste bon pour se coucher.

(Joyeux anniversaire Pierrot !)

Et une nuit de plus sans dormir... Cette fois-ci, il a plu et vente presque toute la nuit ; meme Aurel a ete gene pour dormir, c'est dire ! Du coup ce matin, apres le petit-dej, on se remet dans la tente et essayons une petite sieste avant de demarrer la journee ; mais rien a faire... les oiseaux croassent au-dessus de notre toile, le vent souffgle encore un peu, bref on ne dort pas.

On replie bagage et commencons a rouler a midi. Record ! Nous avons un sacre vent de face et attaquons par 20 km de cotes pour 4 de descente :( C'est dur !

Vers 15h, on s'approche d'une ger pour demander de l'eau ; nous sommes a sec. La jeune femme nous tend son reservoir et une casserole pour remlpir nos bouteilles. Et puis, c'est le voyage, l'authentique : elle nous fait gouter a tous les produits laitiers de ses vaches ; du fromage, du lait, de la creme et meme de la vodka artisanale. Pour nous, les citadins, c'est une decouverte totale. Nous sommes fans. Le fromage est tres dur a tel point qu'on pourrait planter nos piquets de tente avec ; ils le laissent secher sur leur toit pour qu'il se conserve. C'est assez fort, comme du parmesan, mais avec un gout prononce de vache. La creme est tres grasse et ressemble quasiment a du beurre. le lait, en revanche est tres doux et servi tiede, c'est delicieux. Concernant la vodka distille "maison", ce n'est pas le tord boyau auquel on s'attendait ; par contre, l'odeur de la bete est bien presente.

Elle nous fait repeter les noms de chaque chose... pas simple pour nous. En partant, on souhaite lui acheter quelques morceaux de fromage ; elle nous remplit un plein sac plastique et ne veut rien en retour. C'est cadeau !  Et c'est si difficile pour nous, occidentaux, de ne pas se sentir redevables. On aimerait tellement la remercier... nous sommes emus par tant de sincerite.

En remontant sur les velos, on sent bien la chaleur... Ici, le soleil est le plus brulant vers 15-16 heures. Et ca continue de monter avec le sympatique vent de face. Heureusement, nous sommes quelques fois "forces" de faire des pauses car les bas-cotes sont saisissants... Notamment quand nous avons rencontre notre premiere vipere, vivante, rampant vers les herbes hautes. Maintenant, c'est sur, il faudra faire attention en allant faire ses petits besoins !

Plus tard en chemin, le ciel nous a lui aussi offert un terrible spectacle ; une vingtaine de vautours tournoyant dans les airs au-dessus d'une carcasse. Ils sont si inquietants...

Au bout de 40 km d'infernales montees, c'est enfin la descente ! On fait une petite pause avant de savourer ce moment bien merite et les personnes de la yourte en face nous invitent a gouter leur lait de jument fermente. Depuis le temps qu'Aurel en revait :)

L'homme nous en verse un plein bol, celui-la meme dans lequel il vient de boire (on a des estomacs d'acier :)). C'est tres acide et fort de gout mais tres bon pour qui aime le lait caille (hein Sylvain ?). Les mongoles eux sont fascines par nos velos : suspensions et vitesses... ca ils ne connaissent pas ici. Eux, c'est tout a la force des gambettes ! Nous repartons, contents de cette nouvelle decouverte "culinaire".

Vers 19h, nous passons devant un petit "guanz" sorte de restaurant de route. On compte diner ici pour faire ensuite les derniers kilometres qui nous separent d'un lac. Pas de chance, ici le menu n'est pas illustre ! Je file voir une dame qui mange un plat ragoutant et lui demande comment cela s'appelle : "Tseu varan" ; enfin quelque chose dans le genre. Ca marche, la serveuse comprend. C'est super bon, ce sont des pates de ble qui ont gout de pomme de terre avec du choux, des carottes et du mouton.

Les assiettes sont consequentes ; de quoi bien reprendre la route jusqu'au fameux lac... qui s'averera difficile d'acces : ruisseau a traverser, marecage dans lequel je laisse une sandale. Je m'en sors avec les extremites couvertes de boue. C'est folkorique !

Mais une fois sur le dur, rien a redire. L'endroit est parfaitement plat, pas de cailloux ou de pommes de pins a deblayer, tres peu de vent et surtout presque pas de moustiques. En outre, l'herbe est si douce qu'on a l'impression de marcher sur une moquette epaisse. La nuit s'annonce excellente !

La nuit a ete d'un calme absolu. Nous dormons avec nos pantalons polaire et nos tee-shirts manches longues car il fait 5 degres dans la tente. Par contre, des le lever du soleil, l'atmosphere se rechauffe considerablement et on est generalement content de sortir prendre l'air...

Nous petit-dejeunons devant le spectacle de la nature ;  les troupeaux sont deja "en plein boulot" non loin de nous.

(C'est qui le boss ?!)

En partant, le sac a dos d'Aurel fait des "bip bip bip..." dissonants ; on s'arrete et tentons de comprendre d'ou vient ce son. C'est notre reveil ! Ces petits bips desordonnes etaient ses derniers souffles :) Il n'a plus de piles... Normal : le froid vide les batteries en un rien de temps. Il va desormais falloir les mettre dans nos duvets pour ne pas les perdre avec la fraicheur des nuits mongoles.

Aller, nous partons pour de bon ; aujourd'hui, le vent a tourne et malheureusement nous l'avons de face. Aah... ca change tout ! Nous pedalons dans de veritables paradis terrestres : des chevaux detalant au galop le long d'un lac, fort symbole de liberte sauvage.

Ou encore des troupeaux de chameaux avancant avec toute leur nonchalance, s'arretant ca et la pour brouter et nous regarder passer en ruminant paisiblement.

C'est drole, la nature ici a tous les droits, notamment celui d'investir le bitume pour le plus grand mecontentement des automobilistes qui, comme souvent, jouent du klaxon pour faire deguerpir les betes. Mais ces dernieres s'en moquent eperduement :) Il faut dire qu'elles en ont l'habitude. Leur reaction est tout autre avec les cyclistes : generalement, si on tente de s'approcher, elles fuient, appeurees ! C'est sur, elles ne doivent pas en croiser souvent... "C'est quoi cet animal avec des roues ?" :)

Vers 15h, nous arrivons a Darkhan, 2e ville mongole apres Ulan Bator.

Les enfants qui sortent de l'ecole font de grands signes et crient : "Hi !" ou "Hello !". Nous, on s'essaie au mongol : "Sainbeno !". Apparamment il comprennent, mais notre accent les fait bien rire.

La route est vraiment mauvaise pour les cyclistes et mieux vaut garder un oeil dessus car il manque les plaques d'egout ! C'est-a-dire que les trous dans le sol sont beant avec aucune indication pour prevenir...

Nous nous arretons pres d'une epicerie pour faire le plein d'eau. A cote s'y trouve un restaurant ; c'est l'occasion de dejeuner comme les locaux. A l'interieur, ca ressemble a une cantine.

Une serveuse nous amene une carte imagee ; ouf ! Et nous choisissons ce qui nous semble etre le plat le plus varie : une soupe comme la veille, des petites salades de choux et de pommes de terre, de la viande, de l'omelette... plusieurs petits plats sur un plateau compartimente. On se regale et sommes plus que rassasies.

A la table d'a cote, des gens sont avec leur bebe beau comme sur les photos des carnets de voyage.

Nous reprenons la route ; le soleil est tres chaud (29 degres) contrastant avec les temperatures de la nuit. Le vent souffle toujours face a nous, mais nous parvenons tout-de-meme a faire 64 km aujourd'hui. On s'eloigne de la route principale par un chemin de terre qui s'enfonce dans les champs cultives. Aurel trouve une jolie butte en hauteur pour planter notre lit. C'est un peu expose au vent mais d'apres lui, ca se calme la nuit generalement.

Au menu de ce soir, nous avons prevu des pates et du poisson marine dans de l'huile ; et ca, ca tombe fort bien car nous avons remarque que nos velos commencaient a grincer. L'huile des poissons va nous servir a graisser les chaines et roulements de nos montures ! Pas bete, mais je crains que nous soyons ensuite suivis par tous les chiens de la ville :)

Les couleurs du couchant irradient les plaines qui s'etendent a perte de vue ; comme toujours, c'est feerique.