14 avril 2012
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03:58
Minuit et demi, le réveil du guide sonne et c'est tout juste si nous ne sommes pas déjà debouts. Une part d'exitation sûrement.
Ces chaussures ne sont pas très féminines ; je me rattraperai en rentrant.
Avec le matériel très moyenne gamme dont nous a équipé l'agence, nous avons dormi tout habillé ; c'est toujours ca de gagné.
Pour petit-déjeuner (bien qu'à cette heure-ci ce soit difficile à croire), nous grignottons un peu de pain de mie et une infusion de coca (dernière fois, promis !). Nous n'avons pas une faim de loup ; l'altitude nous torture un peu l'estomac et nous sommes entre la faim et l'écoeurement.
A 1h, nous attaquons.
Niveau équipement vestimentaire :
- pour le bas, c'est pantalon polaire, pantalon de marche et pantalon étanche ;
- pour le haut, tee-shirt manches longues, gilet polaire, doudoune et veste Gore-Tex.
Et puis, les indipensables moufles, bonnet et passe-montagne.
Niveau équipement vestimentaire :
- pour le bas, c'est pantalon polaire, pantalon de marche et pantalon étanche ;
- pour le haut, tee-shirt manches longues, gilet polaire, doudoune et veste Gore-Tex.
Et puis, les indipensables moufles, bonnet et passe-montagne.
Nous sommes chanceux, le ciel scintille d'étoiles, ce qui signifie pas de nuage... et il n'y a pas de vent. Du coup, la température est largement supportable.
Nous marchons une première heure avant de faire une pause ; on se sent en pleine forme ! Dans les pas de Jose, lents et réguliers, on se dit que si c'est comme ca jusqu'au sommet, ca va être "donné" :)
Pour l'ascension, nous avons emporté une poche à eau chacun, plus une bouteille et heureusement que nous avons cette dernière car les pipettes des poches ont gelé ! Nous buvons quelques gorgées mais ne mangeons rien, l'appétit coupé par l'altitude.
Pour l'ascension, nous avons emporté une poche à eau chacun, plus une bouteille et heureusement que nous avons cette dernière car les pipettes des poches ont gelé ! Nous buvons quelques gorgées mais ne mangeons rien, l'appétit coupé par l'altitude.
Au bout d'une dizaine de minutes, nous reprenons le chemin ; j'adore cette ambiance magique d'une marche de nuit, au clair de lune (et de nos frontales), avec pour seul bruit, celui de nos pas, de notre respiration profonde et puis le cliquetis des piolets et bâtons...
C'est la lune ou Aurel avec sa frontale ?
C'est un univers particulier où se mèlent efforts et plaisirs, le froid de la montagne et la chaleur de notre formidable machine, le dépassement de soi mais aussi l'appréhension... Envoûtant en somme.
Vers 3h30, nous évoluons sur une partie enneigée qui nécessite l'utilisation des crampons. Le son de la neige glacée qui craque sous nos pas... Ca aussi c'est captivant. C'est le genre de détail sur lequel on peut focaliser un certain temps !
La température a baissé considérablement depuis notre départ et le vent vient geler toutes les extrémités ; c'est très douloureux : nous ne sentons plus nos bouts de nez (j'avance avec la moufle collée au visage pour tenter de me protéger un peu), les orteils sont comme amputés par la morsure progressive et tenace du froid et nos doigts sont si glacés qu'ils se replient sur eux-mêmes, nous "incapacitant" pour tout ! C'est affreusement pénible.
Il y a bien des moments où l'on pense qu'on arrivera jamais au bout... Nous sommes si fatigués que nos yeux tombent et nous dormirions volontiers sur nos piolets :)
Et puis, comme souvent dans les moments éprouvants (physiquement), on continue quand même, motivés par l'accomplissement de notre rêve : atteindre un sommet au-dessus de 6000m ; on fixe les talons du guide devant nous qui donne la cadence, rythmant nos pensées qui s'évadent... loin du froid, de la douleur, de la difficulté de monter à ces hauteurs.
C'est ainsi que vers 5h30, nous apercevons les premiers rayons ; le soleil commence tout juste à se lever, réchauffant le ciel (tout d'abord) de ses couleurs orangées.
Il y a bien des moments où l'on pense qu'on arrivera jamais au bout... Nous sommes si fatigués que nos yeux tombent et nous dormirions volontiers sur nos piolets :)
Et puis, comme souvent dans les moments éprouvants (physiquement), on continue quand même, motivés par l'accomplissement de notre rêve : atteindre un sommet au-dessus de 6000m ; on fixe les talons du guide devant nous qui donne la cadence, rythmant nos pensées qui s'évadent... loin du froid, de la douleur, de la difficulté de monter à ces hauteurs.
C'est ainsi que vers 5h30, nous apercevons les premiers rayons ; le soleil commence tout juste à se lever, réchauffant le ciel (tout d'abord) de ses couleurs orangées.
Nous avons tellement hâte qu'il vienne à nous !
Aurel ne sent plus ses pieds, moi mes doigts me font si mal que j'en pleurerais. Jose, plein de compassion, nous verse une tasse d'eau sucrée devenue tiède, mais qui nous fait du bien au moral.
Vers 6h30, nous franchissons la dernière crête ; la tête a sûrement perdu quelques neurones avec le manque d'oxygène mais je ne me prends toujours pas pour un oiseau :)
Nous attaquons les derniers 200m qui nous séparent de notre victoire ; il y a beaucoup plus de neige et nous nous enfoncons jusqu'aux mollets. C'est très éprouvant mais nous ne lâcherons pas si près du but ! Par bonheur, l'astre de feu a pris un peu de hauteur et redonne vie à nos extrémités engourdies.
Nous atteignons le sommet du Chachani (6075m) vers 7h, dans une euphorie contenue par l'épuisement.
Xavier, on te dédie la vue
On a du mal à y croire : ca y est, nous avons réalisé notre rêve ! Grandes acollades avec notre guide et même avec l'autre groupe, que nous ne connaissons pas particulièrement, mais que serait cette réussite sans en partager les émotions...
Après quelques clichés fabuleux avec les autres monts environnants,...
... il nous faut désormais penser à descendre ; et oui, c'est finalement le plus dur dans l'affaire : une fois au sommet, seuls 50% de la rando ont été effectués. C'est toujours la même histoire pour moi, je hais les descentes ; il faut être en retenue permanente, gainer tous les muscles pour ne pas déraper, redoubler de vigilance car la fatigue est propice à la faute de cramponnage...
Bon, heureusement que ca dure quand même moins longtemps en définitive :)
Dévisser ici, c'est ne plus s'arrêter...
Nous sommes de retour au camp de base vers 9h (oui, 6h de montée pour 2h de descente). Nous remballons tout, nous apprêtant à reprendre le chemin de la veille quand Aurel s'apercoit qu'il nous manque un crampon ! La chance dans notre mésaventure, c'est qu'on sait sur quelle partie du trajet il est : la dernière descente, celle de cailloux où nous les avons retiré. Autant dire que la perspective de remonter environ 3/4 d'heure de dénivelé ne nous enchante pas vraiment ! Mais c'est ca ou la caution...
Jose, dans son infinie sympathie refait le chemin avec nous ; lui a de l'entraînement, ca se voit : il arrive à l'endroit de tous les soupcons avant nous et retrouve le crampon abandonné.
Jose, dans son infinie sympathie refait le chemin avec nous ; lui a de l'entraînement, ca se voit : il arrive à l'endroit de tous les soupcons avant nous et retrouve le crampon abandonné.
Nous pouvons enfin quitter le camp ; nous reprenons le tracé de la veille pour redescendre jusqu'à la Jeep.
Nos sacs nous paraissent deux fois plus lourds qu'hier ! C'est surement lié à la fatigue...
Nous marchons avec peine dans les rochers de lave qui parcèment le chemin ; on ne peut pas dire que ce soit idéal pour la randonnée !
Mais en une heure, nous avons le plaisir de voir la voiture et notre chauffeur fidèles au rendez-vous.
Nous marchons avec peine dans les rochers de lave qui parcèment le chemin ; on ne peut pas dire que ce soit idéal pour la randonnée !
Mais en une heure, nous avons le plaisir de voir la voiture et notre chauffeur fidèles au rendez-vous.
Nous sautons dedans et tombons de sommeil d'emblée (y compris notre guide), épuisés par les 11 heures de rando.
On se fait déposer à l'auberge, il est 14h. La première chose que l'on fait c'est : prendre une interminable douche ! Et puis, bien que totalement K.O., nous choisissons de fêter notre réussite au resto.
Au menu se sera LA spécialité péruvienne, le cochon d'inde (merci Laurent)
On dormira dans une autre vie comme on dit :)